Depuis
bon nombre d'années, la spéléologie est ma passion, une
activité que j'ai découverte à l'âge de 15 ans. Dès
lors, telle une drogue, je n'arrive plus à m'en passer. Toutefois, il
m'est arrivé de sortir d'un trou en me disant que ce n'était plus
pour moi, que j'étais trop vieux, que ceci que cela Mais
après une nuit de sommeil, je n'avais qu'une idée en tête
:
Quand
c'est que j'y retourne ?!!!
Alors, qu'est-ce qui peut bien me motiver de la sorte? En fait, c'est plutôt
une multitude d'intérêts, qui ont varié sur le sentier de
mon existence, mais qui m'ont toujours procuré la satisfaction de mener
à bien tout ce que j'ai entrepris en rapport avec le milieu souterrain.
Mais le but principal, le même qui attise l'ardeur de la plupart des spéléologues,
cela reste l'attrait de la découverte. Se retrouver devant un lieu inexploré,
savoir que nous allons être le premier à fouler un terrain vierge
de toute présence humaine, imaginer que l'on va peut-être découvrir
un trésor de richesses naturelles incomparables, c'est évidemment
le rêve de tous les explorateurs. Dans le jargon des initiés, nous
appelons cela "la première". Cependant, depuis un siècle
que les spéléos explorent les grottes de notre planète,
ce rêve devient de plus en plus difficile à concrétiser.
De nos jours, il reste bien quelques contrées lointaines où il
est encore possible de découvrir de nouvelles cavités, mais ces
lieux sont généralement peu accessibles à chacun, car ils
nécessitent de participer à de véritables expéditions
dont la préparation va s'échelonner sur plusieurs mois.
Donc pour la majorité d'entre nous, les seules possibilités résident
dans l'alternative de découvrir un prolongement dans une cavité
connue, qui a peut-être échappé à l'attention des
premiers explorateurs, ou tout simplement parce que l'endroit n'était
pas franchissable avec les moyens de l'époque. Je pense tout particulièrement
aux passages étroits, qui terminent bon nombre de grottes et gouffres.
Depuis quelques années, les techniques de minage ont bien évolué,
et permettent d'agrandir ces étranglements en toute sécurité.
En revanche, cela demande généralement un labeur de longue haleine
où le spéléologue ressemble plus à un carrier, passant
la plupart de son temps à miner et déplacer des tonnes de rochers.
En rapport au travail fourni, le résultat est souvent bien maigre, voire
inexistant dans certains cas. A ce moment, le plus difficile est alors de garder
la motivation, afin d'entreprendre un nouveau chantier qui lui, sera peut-être
le bon.
Au début de l'année 2000, en faisant le bilan de quelque 750 incursions
souterraines en plus de 20 années d'activité, j'avais effectivement
plusieurs centaines de mètres de "première" à
mon actif, mais c'était un bien maigre butin en pensant aux milliers
d'heures et efforts consacrés à la désobstruction ou la
recherche de cavités. Autour de moi, certains me collaient même
une étiquette de "porte la poisse", où en clair il ne
servait à rien de participer à une désobstruction que j'entreprenais,
puisque de toute façon cela n'aboutira pas à quelque chose d'intéressant!
J'étais conscient de cet état de choses, cependant mon moral n'a
jamais été entamé pour autant, car tout simplement :
Je
croyais à mes rêves
Et puis un jour, au moment où je ne m'y attendais plus ALLELUIA!!!...
A force d'y croire, mes rêves sont devenus réalité. La flamme
de la persévérance m'a éclairé la porte de la découverte,
que j'attendais depuis si longtemps.
A partir de ce jour, j'ai eu le privilège presque insolent, de participer
à l'exploration de la presque totalité d'un réseau de plusieurs
kilomètres de galeries aussi différentes les unes que les autres,
comprenant également des grandes salles, des rivières et des endroits
incroyables dont je n'osais même pas espérer. En conséquence,
toute cette histoire je me propose de vous en narrer le récit, sous forme
d'un journal de bord. C'est d'une part afin d'en garder une petite trace quelque
part, mais également pour vous permettre de partager cette aventure ponctuée
de joies et de peines, à travers le vécu de mes émotions.
Quelques photos viennent également enrichir le récit, afin de
vous faire une idée plus précise des lieux.
Pour commencer, un rapide historique va vous permettre de mieux situer le contexte
de nos travaux ; la grotte à laquelle nous nous sommes intéressés
possède une longue histoire.
La seconde partie concerne tous les détails de nos travaux de désobstruction,
qui ont permis de découvrir la suite tant espérée.
Et finalement les "Secrets de Fées", le récit intégral
de l'exploration du réseau.
Et comme dans toutes les bonnes séries TV qui se respectent... l'histoire
sera classée par "saison", correspondant à une année
de découvertes.
Mes notes d'origine ne sont actuellement pas toutes mises au propre, donc dans
un premier temps les textes seront mis en ligne par saison, à mesure
qu'ils seront finalisés. Alors je reconnais que cela n'avance pas très
vite mais ne perdez pas patience... ... étant donné que l'exploration
suit toujours son cours, c'est difficile d'être à la fois au four
et au moulin....